"Ce qui me choque, c'est la banalisation de la violence"

Interview avec Claude Meisch dans L'essentiel

Interview: L'essentiel (Vanessa Strauch)

L'essentiel: Qu'attendez-vous le plus de la rentrée?

Claude Meisch: : L'école elle-même. Sortir du bureau, respirer l'air de l'école, rencontrer les enfants et voir comment les projets politiques sont mis en œuvre au quotidien.

L'essentiel: Quels sont les axes prioritaires pour 2025/2026?

Claude Meisch: À chaque rentrée, de nouvelles offres sont proposées. 

Par exemple, le nouveau campus de l'école hôtelière à Wickrange, des spécialisations nouvelles, des centres de compétences régionaux pour les élèves à besoins spécifiques... C'est aussi la dernière année avant l'alphabétisation générale en allemand ou en français pour laquelle nous nous préparons intensément.

L'essentiel: Quels sont les enjeux?

Claude Meisch: Trois points sont importants pour nous: que les parents puissent choisir la langue d'alphabétisation. Que chaque enfant, même un seul par classe, puisse en bénéficier. Enfin, les élèves ne doivent pas être complètement séparés. Ils restent dans une classe, mais sont répartis en groupes pour les cours de langues et de mathématiques.

L'essentiel: Comment fidéliser le corps enseignant à long terme?

Claude Meisch: Il est important d'offrir des perspectives de carrière. Qui voudrait enseigner la même chose chaque année pendant plus de 3o ans? Parmi les nouveautés: une prime pour les enseignants du primaire qui assument davantage de responsabilités comme chefs de classe (l 790,87 euros par an).

L'essentiel: Quels sont les retours sur l'interdiction des GSM?

Claude Meisch: Les jeunes trouvent les interdictions absurdes. Mais notre responsabilité est de fixer des limites. La science est claire: les smartphones et les réseaux sociaux sont liés aux troubles mentaux chez les jeunes. De nombreux enseignants, chefs d'établissement et parents se réjouissent donc de ce signal.

L'essentiel: Quelle est l'ampleur de la violence à l'école?

Claude Meisch: La violence a toujours existé, mais ce qui me choque, c'est sa banalisation et sa mise en scène. Nombreux sont ceux qui se contentent de filmer au lieu d'agir. Le harcèlement est, lui, plus diversifié. Mais nous constatons une nette diminution des incidents dans les écoles où l'utilisation des GSM est strictement réglementée.  Nous misons sur un équilibre: davantage de sport, de mouvement et de culture. Pas seulement des interdictions.

L'essentiel: L'école de vient-elle de plus en plus "à la carte"?

Claude Meisch: Les élèves doivent s'adapter fortement (smartphones, l'IA...), mais l'école doit aussi évoluer.

Le Luxembourg compte une population scolaire diversifiée et accueille chaque année 2000 à 3000 nouveaux élèves. Seul un tiers des enfants commencent leur scolarité avec le luxembourgeois comme langue maternelle.

Nous avons besoin de solutions adaptées à notre pays. Des écoles internationales/européennes dans le système public.

L'essentiel: De nombreux frontaliers scolarisent leurs enfants au Luxembourg. Est-ce un souci?

Claude Meisch: Des familles luxembourgeoises envoient leurs enfants à l'étranger et vice versa. Au primaire, les communes décident selon les capacités. Dans les écoles inter nationales/européennes publiques, la demande nationale est prioritaire, mais dans un esprit européen, les frontières ne doivent pas devenir un obstacle insurmontable au quotidien.