"Adapter le système scolaire"

Interview: L'essentiel (Thomas Holzer)

L'essentiel : Ne ressentez-vous pas une forme d'usure pour votre 11e rentrée en tant que ministre?

Claude Meisch : L'expérience est un avantage. Une nouvelle mission a été fixée par les électeurs, nous sommes en phase de préparation. Mais une rentrée, c'est aussi un moment d'analyse. A-t-on atteint les objectifs? Que faut-il corriger?

L'essentiel : L'alphabétisation en allemand et en français figure au programme de coalition...

Claude Meisch : Nous sommes en train d'adapter le système scolaire à la diversité de notre population. Au Luxembourg, le succès scolaire s'explique en partie par la langue qui est parlée à la maison. C'est une injustice fondamentale. Suivant le projet-pilote, ce choix sera en place au plus tôt à la rentrée 2026.

L'essentiel : D'autres écoles internationales vont-elles ouvrir?

Claude Meisch : Ce fut très difficile cette année, car il y a eu quatre fois plus de demandes que de places disponibles. C'est une motivation supplémentaire. Trois sont prévues: dans le Centre, autour d'Esch-Schifflange et à Dudelange.

L'essentiel : L'école, c'est aussi le défi du vivre-ensemble...

Claude Meisch : Le Luxembourg a une tradition d’accueil. La première mission de l’école est de garantir les chances de réussite de tous les élèves. Sauf que nous ne réussissons pas. Un élève portugais a moins de chances d'arriver à une filière classique et plus de risques d'arrêter l'école de façon précoce. C'est pourquoi nous devons adapter notre offre scolaire.

L'essentiel : Il y a aussi eu des bagarres. Comment lutter?

Claude Meisch : Nous avons connu une période de six mois en 2022/2023 avec des bagarres de groupes diffusées sur les réseaux sociaux. Cela a choqué tout le monde, mais cela s'est calmé l'année dernière. Les établissements ont travaillé sur le vivre-ensemble. Un autre a carrément interdit le smartphone (à Mersch).

L'essentiel : Une mesure qui vise aussi le harcèlement scolaire...

Claude Meisch : Oui, car le cyberharcèlement a pris de l'ampleur. Il y a un malaise chez certains jeunes. Le temps passé sur le téléphone et les réseaux sociaux constitue un élément d'explication.

L'essentiel : Concernant les enseignants, les effectifs sont-ils suffisants?

Claude Meisch : Je peux le garantir pour cette rentrée. Mais c'est un souci permanent.

L'essentiel : À titre personnel, la polémique sur l'épisode dans un restaurant début 2024 vous a-t-elle fragilisé?

Claude Meisch : En tant que personnalité publique, il faut vivre avec certaines choses qui sont racontées. En l'occurrence, ce n’était pas vrai. Mais il faut aussi savoir tourner la page et se concentrer sur son travail. Aujourd'hui, je me sens à l'aise et capable de gérer les choses grâce à mon expérience.

En tant que personnalité publique, il faut vivre avec certaines choses qui sont racontées. En l'occurrence, ce n’était pas vrai. Mais il faut aussi savoir tourner la page et se concentrer sur son travail. Aujourd'hui, je me sens à l'aise et capable de gérer les choses grâce à mon expérience.

L'essentiel : Deux portefeuilles aussi importants, ce n'est pas un peu trop?

Claude Meisch : Ce n'est pas au ministre de donner des cours le matin et de bâtir des maisons l'après-midi. Mon rôle est politique. C'est faisable, à la condition d’avoir de bonnes équipes. Si je suis certain de conserver les deux ministères d'ici à 2028? On ne sait jamais(rires). Mais j'ai cette ambition, car je veux terminer le travail entamé.